Dans des articles antérieurs, nous avons discuté l’importance de la reconnaissance sous la forme de badges. Dans cet article, nous discutons de la seule manière digitale de les représenter qui existe actuellement.

Histoire d’Open Badges

L’idée derrière Open Badges est née en 2011 au sein de la Fondation Mozilla (celle-là même qui publie des outils pour un internet ouvert, comme Firefox et Thunderbird, pour n’en nommer que quelques uns), avec pour objectif de casser les monopoles de l’éducation et alimenter la motivation personnelle. En 2012, Mozilla lance le standard Open Badges 1.0 et trouve quelques partenaires avec lesquels lancer des pilotes les utilisant.

Ils développent également le Mozilla Backpack, un outil central qui implémente un des aspects du standard: un endroit commun où tout un chacun peut conserver la trace de tous les badges qu’il/elle obtient auprès de différentes organisations. Ce lieu central a ensuite subi des modifications, a changé de mains et est maintenant connu comme Badgr.com.

La gestion du standard Open Badges est alors déléguée à IMS Global, une organisation sans but lucratif qui gère également des standards communs dans le monde de l’e-learning comme IMS/LTI, IMS/QTI et Common Cartridge.

Que contient un Open Badge?

La version 1.0 (et plus tard 1.1) d’Open Badges inclut plusieurs éléments essentiels:

  • une description de ce que le badge établit (compétences ou objectifs atteints)
  • la possibilité de définir des critères pour obtenir ce badge
  • qui a émis le badge
  • qui a reçu le badge
  • une date d’émission
  • la possibilité d’inclure l’information complète du badge comme métadonnées dans une image PNG (en téléchargeant l’image, vous pouvez en extraire l’information)

Mais la version 1.0 d’Open Badges manquait aussi de quelques éléments importants, qui ont été ajoutés dans la version 2.0, publiée en 2017:

  • reconnaissances/endossements : rendre possible l’endossement d’un badge par des personnes ou des organisations, afin d’augmenter la confiance que pourraient avoir les utilisateurs dans un certain badge
  • critères incorporés : avant la version 2.0, les critères d’obtention pouvaient uniquement être retrouvés sur le site web indiqué par le badge. Ces critères sont maintenant incorporés dans le badge même
  • preuve : le badge peut maintenant inclure des éléments de preuves démontrant la satisfaction de l’individu à des critères particuliers
  • internationalisation: le même badge peut maintenant être “traduit” vers d’autres langues
  • contrôle de version : les badges peuvent être mis à jour dans le temps, et les différences entre versions peuvent être analysées
  • identification plus variée : vous pouvez maintenant “assigner” un badge à un identifiant différent d’un e-mail (par exemple à un profil sur un réseau social)

Malgré ces modifications, même la version 2.0 manque toujours d’un élément très important: les inter-dépendances, ou “chemins” (pathways en anglais) entre badges.

Open Badge Pathways

Open Badge Pathways est un concept évoluant encore, qui peut être définit comme un ensemble de solutions digitales qui permettent à des individus d’utiliser des badges digitaux pour se déplacer vers un objectif ou une opportunité, ou qui peut être utilisé comme un “graphique” pour documenter le chemin d’un individu vers un certain objectif, au travers de l’obtention de badges.

En effet, la collection de badges a *un* désavantage majeur : les badges peuvent être émis pour de très petits accomplissements, et pour obtenir dans un sens plus large ce dont l’individu est capable, la définition de groupes de badges qui, dans leur ensemble, valent la peine d’être représentés sous forme d’un nouveau badge, peut être extrêmement utile au moment d’analyser de grandes quantités d’informations.

Par exemple, l’apprentissage d’une nouvelle langue est souvent structuré sous forme de compétences de lecture, d’écriture et de conversation, évaluées à différents “niveaux” de maîtrise. Une organisation professionnelle n’est généralement intéressée, elle, que par les individus ayant acquis un niveau suffisant à la communication avec un client, laquelle n’est souvent plus limitée à une interaction orale. Sans regroupement, cela impliquerait que l’organisation devrait analyser en détail le niveau de l’individu pour chacune de ces compétences, alors qu’un “chemin” (Pathway) pourrait définir directement les niveaux sous-jacents de toutes ces compétences et, de surcroît, ajouter au mix un badge de bonne communication avec les clients.

Ce concept pourrait alors remplacer celui d’un diplôme : une combinaison de compétences, certifiées par une autorité de confiance, avec une description de ce qui a été accompli.

Cela ouvrirait également de nouveaux chemins pour l’individu au moment d’apprendre ces compétences : si toutes les compétences sont enseignées de manière équivalente par différentes organisations, il/elle pourra choisir où étudier, ce qui résultera en une démocratisation des formations.

Conclusion

Open Badges est un excellent standard pour représenter les compétences et accomplissements d’une personne. Il est portable, peut être analysé de manière automatisée et sa structure précise en permet le traitement par un réseau d’ordinateurs.

Open Badges Pathways est un travail en cours, mais ouvre la porte vers un remplacement des certificats et diplômes plus élaborés et plus faciles à exploiter massivement. Il rend également la formation plus accessibles et transparente à tous : à mesure que les Pathways se développent et incluent plus d’équivalents de badges, l’apprenant aura accès à une offre de formation plus large, élevant le niveau des formations au travers d’une concurrence productive (le résultat de laquelle sera revu et jugé par les organisations professionnelle en bout de chaîne).

Une possibilité existe que notre projet, SILKC Path, utilise le concept d’Open Badges Pathways dans le futur. Si c’est le cas, nous ne manquerons pas d’en parler dans un prochain article.